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Bibliothèques à Paris : jamais le dimanche ?

Par esprit d’association, changement d’heure oblige, j’ai eu envie de faire le point sur le dossier des horaires des bibliothèques parisiennes le dimanche. Le rapport, joliment intitulé « Voyage au pays des bibliothèques » remis en février dernier au Président de la République et co-rédigé par l’académicien Erik ORSENNA et le haut fonctionnaire Noël CORBIN, permet de rappeler quelques éléments de contexte.

L’objectif pour nos bibliothèques est d’ouvrir mieux, c’est-à-dire de mieux adapter les horaires d’ouverture aux rythmes des usagers. Pour rappel, seules 130 bibliothèques sur les quelque 7000 sont ouvertes régulièrement le dimanche.

A Paris, l’amplitude hebdomadaire des bibliothèques (10 principales) est de 38 heures – la Bibliothèque Publique d’information du Centre POMPIDOU s’élève à 60 heures. Cela doit être mis en regard des presque 100 heures à Copenhague, 88 à New York ou encore 84 à Amsterdam.

Le Président de la République s’est engagé à accroître l’amplitude horaire des bibliothèques comme levier de sa stratégie de politique culturelle, afin de faire reculer les inégalités face au temps, et qui se conjuguent avec les inégalités de destin que le Gouvernement entend pleinement combattre.

Il est clair que la définition des horaires pour chaque collectivité ne doit pas être conçue de manière uniforme sur tout le territoire. Les auteurs du rapport indiquent que « à tous le moins dans les villes de plus de 100 000 habitants, au moins une bibliothèque devrait être ouverte le dimanche ». Soit théoriquement 22 pour Paris, si on se réfère au dernier recensement.

L’ouverture dominicale n’est pas un impératif, mais elle semble s’imposer à Paris, en particulier pour répondre aux besoins des étudiants. Pour rappel, il y a une place pour 14 étudiants en bibliothèque universitaire (BU) en France contre une place pour 6 au Royaume Uni.

En dépit du froid, l’affluence pour la bibliothèque du Centre Pompidou ne fléchit pas, comme l’a mis en évidence l’application Affluences qui permet de vérifier sur son smartphone, à l’image des files d’attente de certains musées ou le trafic routier, les pics et creux d’affluence, pour chaque salle de lecture, le taux d’occupation en temps réel et des prévisions, demi-heure par demi-heure. Une webcam est même disponible à l’entrée de la bibliothèque pour permettre aux visiteurs de prévoir leur temps d’attente (ou de différer leur visite !) : https://www.bpi.fr/webcam .

En dehors de la Bibliothèque de Beaubourg, la BNF et la médiathèque de la Cité des sciences, 7 bibliothèques parisiennes sont ouvertes le dimanche, soit moins que dans les Hauts de Seine. Je suis d’ailleurs fier que la Médiathèque Marguerite DURAS (20ème arrondissement) ait montré la voie dès 2008.

Les choses évoluent néanmoins. Je me félicite de l’ouverture dominicale des bibliothèques universitaires Sainte-Geneviève et Sainte-Barbe (5èmearrondissement) à partir du 18 novembre prochain dans le cadre d’un appel à projets du Gouvernement et qui prévoit de couvrir les dépenses induites – notamment en matière de personnel, de fonctionnement et d’aménagement.

On peut aller plus loin. Pourquoi ne pas demander aux entreprises – en contrepartie des soutiens logistiques et financiers de la Ville – de mettre à disposition certaines salles pour des étudiants ? Pourquoi ne pas expérimenter une réservation en ligne des salles de réunions situées dans les bâtiments de la Ville pour permettre aux étudiants de faire des travaux collectifs ? Soyons audacieux, Paris n’est jamais aussi belle que quand elle ne se censure pas. 

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