Transportés

Décentraliser le stationnement, pour mieux rendre service aux usagers

stationnement2Le Sénat vient d’adopter par le biais d’un amendement la réforme dite de « dépénalisation du stationnement ».  Cette réforme, attendue et souhaitée par les élus locaux depuis plusieurs années, poursuit la décentralisation des politiques de déplacement. Elle donne aux élus locaux un instrument supplémentaire de lutte contre la pollution dans les zones urbaines denses.  Le Maire de Paris l’avait demandé dans son courrier au Premier Ministre à la suite de la communication sur la lutte contre la pollution en novembre 2012. Et Jean-Marc Ayrault avait évoqué cette réforme lors des annonces sur le Nouveau Grand Paris le 6 mars 2013.

La mairie de Paris sous l’impulsion de Bertrand Delanoë est engagée dans une politique des déplacements ambitieuse qui vise à réduire la pollution et le bruit, améliorer le cadre de vie des Parisiens et l’attractivité de la capitale. Il nous manquait la maîtrise du stationnement qui est pourtant un levier essentiel d’une politique des déplacements efficace.  Villes, agglomérations, autorités organisatrices des transports sont les mieux à mêmes de décider en fonction des spécificités de leurs territoires.

Cette réforme permet de passer d’une logique de police à une logique de service. Elle donne une plus grande souplesse comme par exemple jouer sur la tarification pour privilégier les véhicules les moins polluants (soutien aux véhicules électriques), créer des tarifs sociaux (travailleurs de nuit…), réserver des places pour certaines catégories d’usagers (professionnels, résidents…). Bref, elle offrira des possibilités nouvelles pour mieux répondre aux besoins des usagers. C’est ce que nous avons fait à Paris à travers la mise en place d’un tarif résident, peu élevé, la création de places GIG/GIC, la gratuité pour les véhicules électriques… Nous avons également engagé une modernisation des systèmes de paiement à travers la généralisation à tous les horodateurs du paiement par carte bancaire (achevée en juillet prochain) et le lancement du paiement par téléphone portable dans les prochains mois. Nous avons créé de la souplesse en ouvrant le stationnement de nuit sur une grande partie des places de livraison. Nous devons aller plus loin.

Certains disent qu’il s’agit avant tout d’augmenter le prix des amendes. Ce n’est pas le sujet. Je rappelle que Paris ne touche qu’une infime partie du produit des amendes.  Néanmoins, il n’est pas acceptable que seuls 10 % des automobilistes non-résidents paient leur stationnement  à Paris ! Cette réforme, si elle est adoptée par le Parlement, offre une opportunité de repenser le stationnement de surface à Paris, de le rendre encore plus adapté aux besoins, d’améliorer encore davantage son fonctionnement, d’en faire un véritable outil de lutte contre la pollution. Bref, de passer d’une administration du domaine public à la gestion d’un service public, participant à une politique publique construite.

Il y aura, de toute façon (quoi que l’avenir de la navette législative réserve à cette proposition), beaucoup de travail pour préciser la manière dont cette réforme peut s’appliquer à Paris (où la préfecture de police est également compétente sur certaines voies et en matière de contrôle du stationnement). A ce stade, sans préjuger de la suite, il est cependant possible d’affirmer que cette loi, porteuse de décentralisation et d’innovation, est une vraie réforme, conjuguant proximité et efficacité.

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2 Comments

  1. Tout cela ne montre qu’une chose : l’incapacité de la Mairie de Paris à organiser les transports de manière efficace. D’un côté, vous contraignez toujours plus le stationnement ce qui représente l’application stupide et aveugle d’une idéologie obsolète et de l’autre, rien n’est fait d’efficace pour améliorer l’offre de transports en commun. Le réseau métropolitain n’a pas connu de nouvelles lignes depuis des années. Les choses se faisaient plus vite il y a 100 ans et pourtant, ils n’avaient pas les technologies d’aujourd’hui. Posez vous les bonnes questions, ça nous changera…

    1. C’est caricatural… Paris verse 360 m€ par an au STIF et depuis 2006 le réseau bus a été renforcé, deux lignes de tramways ont été créés, cinq traverses de quartiers ont été ajoutés, des lignes de métro ont été prolongées… Jamais l’offre n’a été aussi renforcée en quelques années. Quant au stationnement, ne vous en déplaise, la vie n’est pas un jeu à somme nulle, on ne peut pas raisonner toutes choses égales par ailleurs : plus de places de stationnement rotatifs, c’est plus de voitures qui entrent, donc autant voire plus qui tournent pour en chercher et plus de pollution. L’offre crée la demande, et un mode de raisonnement dynamique est indispensable (et non pas statique).

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