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La fin de la « Fin de l’Histoire » ?

Trente ans après la chute du Mur de Berlin, nous prenons conscience jour après jour que la « fin de l’Histoire » décrite par Francis FUKUYAMA – c’est à dire une mondialisation de la démocratie libérale et de l’économie de marché, n’a pas eu lieu. Au contraire, nous assistons à un retour en grâce de régimes autoritaires ou « illibéraux », Europe incluse, et à la montée en puissance d’une guerre économique qui ne dit pas toujours son nom, y compris avec les États-Unis.

À cela s’ajoute, l’accélération des dérèglements climatiques qui se traduisent par autant de bouleversements politiques, économiques et philosophiques. Au même titre que le court XXème siècle s’est ouvert en été 1914 et s’est achevé en novembre 1989, le XXIème tragiquement inauguré à New York par les attentats du 11 septembre 2001 se caractérise par l’urgence écologique au quotidien.

La géopolitique de 2019 est toujours une affaire d’intérêts nationaux, mais se règle et se dérègle à la vitesse du tweet. On constate que des institutions – je pense ici à l’OTAN – sont vidées de leur prérogatives, et sont en quelque sorte « disruptées » par certains États, comme la Turquie. Le multilatéralisme – qui est une constante de notre politique étrangère et européenne – doit être défendu. Le Président Emmanuel Macron a eu raison de mettre le pied dans le plat, car ce qui fait le plus cruellement défaut, c’est la lucidité, seule à même d’appuyer une vision nouvelle.

L’Europe ne doit pas rester muette. Il ne s’agit pas de parler de fédéralisme mais de doter notre continent d’une vraie capacité de défense et de projection, en tirant les conséquences stratégiques du retrait des États-Unis. L’Europe semble parfois passer à côté de l’essentiel, mais les États-membres ont une entière responsabilité dans cette situation.

Objectivement, l’Europe qui s’attache à la règle des 3% du PIB de déficit public a vécu. Les règles budgétaires ne disent rien du dérèglement climatique, et des investissements publics nécessaires pour l’atténuer. C’est pourquoi il est salutaire d’avoir mis en place dès cette année un exercice pionnier de « budget vert » dans la lignée du conseil de défense écologique portée par le Président de la République. L’écologie doit être le dénominateur commun de toutes nos politiques publiques, et doit occuper une plus grande place dans la formation des agents publics.

Surtout, l’écologie doit être une occasion de réviser nos procédures de décision démocratiques. Il faut trouver une ligne de crête, exigeante, entre d’une part, les tenants du statu quo et d’autre part, une vision anxiogène et agressive de l’écologie. C’est pourquoi je suis avec curiosité et grand intérêt les discussions conduites au CESE dans le cadre de la convention citoyenne sur le climat.

Nous avons vu quelle pouvait être l’onde de choc sociale d’une décision trop rapide. Ces tentatives de délibération citoyenne sont l’avenir de notre République, et elles doivent aussi se décliner au niveau local. Le sujet est moins de trouver des solutions que de rendre acceptables et crédibles des solutions. Pour les partis, il est tellement plus facile de critiquer une fois dans l’opposition que d’examiner en conscience ce qu’ils ont fait au gouvernement.

Notre siècle sera celui de l’urgence climatique, des pratiques démocratiques renouvelées, de la souveraineté européenne enfin inventée.  Retroussons-nous les manches, engageons-nous localement pour reprendre nos territoires en main. Le début de l’Histoire commence, souvent, en bas de chez soi. 

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