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La rentrée à la croisée des chemins

Entre prudence et confiance : crise économique, Covid et rebond

Vous l’aurez sans doute remarqué, personne n’emploie encore véritablement le terme de « récession » concernant notre économie et pour cause : la définition correspond à deux trimestres de baisse consécutive du PIB. Peut-être dans quelques semaines ou mois emploierons-nous ce terme, comme c’est déjà le cas aux États-Unis. Notre PIB chute de 13,8 % au second trimestre, c’est un choc moins fort qu’attendu, qui reste le pire de l’histoire de l’Insee.

Ce n’est donc pas encore techniquement une récession mais nous avons vécu, en pratique, une baisse du PIB équivalente à une forte récession et certains de nos concitoyens en mesurent déjà pleinement la réalité, pour eux ou leurs familles. Fait inédit, l’économie ne s’est pas affaissée d’elle-même ou des suites d’une crise financière, c’est nous qui avons décidé de la mettre à l’arrêt en choisissant l’enjeu sanitaire – la santé de toutes et tous – comme priorité absolue.

Ce choix nous honore et la situation mondiale nous montre qu’il n’aura pas été évident partout : nous pouvons en être fiers.

En ne confinant pas, en laissant exploser encore le nombre de contagions, le nombre d’hospitalisations, de cas graves et de décès, en laissant plier l’hôpital public sous le nombre de patients, nous aurions créé les conditions d’une panique générale. À une crise sanitaire d’ampleur décuplée, nous aurions ajouté une autre crise économique. Plus grave que celle que nous connaissons ? Moins grave ? Difficile à dire. Mais il est illusoire de penser qu’en choisissant la santé, nous aurions sacrifié l’économie. Crise sanitaire et crise économique sont intrinsèquement liées.

Pour nous, parlementaires des commissions des finances de l’Assemblée et du Sénat, cette période s’est traduite par trois PLFR (Projet de loi de finances rectificative). Ces corrections apportées au budget initial ont permis de créer puis de renouveler les crédits de l’ensemble des dispositifs mis en place pour répondre à la crise. La riposte puis la reconstruction avant la relance : voilà les maîtres-mots. Au Sénat, la majorité de droite a voté les trois textes, preuve à la fois de notre volonté d’aboutir de façon consensuelle et de la qualité des mesures, au-delà des propos d’estrades médiatiques.

Nous avons déployé le système de chômage partiel le plus ambitieux du monde, plus de 12 millions de Français en auront bénéficié, avec une prise en charge à 84 % du salaire net pour les jours non-travaillés. Comme l’indique la Dares, 4,5 millions de salariés ont encore été concernés par le chômage partiel en juin, soit un quart environ des salariés du privé.

La réponse à la crise s’est également manifestée par des plans sectoriels, pour un total d’environ 43 Mds € :

  • un plan de soutien au tourisme (18 Mds €),
  • des plans de soutien aux secteurs automobile (8 Mds €) et aéronautique (15 Mds €) conditionnés par des mesures en faveur de l’environnement,
  • des plans de soutiens en faveur des start-ups et entreprise technologique, afin d’en éviter les rachats (1,2 Mds €) et du secteur culturel (1,3 Mds €) très durement touché par les conséquences des mesures sanitaires.

La solidarité n’a pas été oubliée : que ce soit l’hébergement d’urgence, le repas à un euro pour les étudiants boursiers (effectif à la rentrée), les primes pour les apprentis ou les aides aux jeunes précaires.

Aujourd’hui, nous nous tenons à la croisée des chemins : il existe des raisons d’espérer

Tout d’abord parce que le rebond économique est réel. Comme l’indique le baromètre de la reprise économique mis en place par BCG :

« La France et l’Allemagne connaissent la plus forte reprise avec un niveau d’activité des consommateurs à 94, très proche du niveau d’avant-crise (100). […] Seule la Chine a retrouvé son niveau d’activité pré-Covid. »

En réagissant rapidement et avec ambition nous avons tiré les leçons de la crise des subprimes de 2008 et ne sommes pas retombés dans le piège de la rigueur qui, sous couvert de bonne gestion, déprime l’activité et creuse tout autant les déficits.

Ensuite sera présenté fin-août un nouveau plan de relance à hauteur de 100 Mds €. Nous en connaissons déjà les grandes priorités : soutenir au maximum l’activité afin d’éviter les faillites et licenciements, faire du développement durable un moteur de la croissance et de l’emploi sur notre territoire, protéger les jeunes et les plus précaires, réindustrialiser, relocaliser les productions stratégiques, renforcer notre système sanitaire.

Enfin parce que l’Europe a annoncé un plan inédit de 750 Mds €, dont 390 de subventions directes au États membres (40 Mds € de subventions pour la France). Pour la première fois nous mutualisons de la dette. Cette solidarité nouvelle renforcera l’Union et nous pouvons saluer l’initiative d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel, à l’origine de cet accord.

Toutefois, nous devons rester extrêmement prudents.

La reprise demeure fragile. Nous le voyons avec le tourisme. Le risque des faillites et licenciements en cascade à la rentrée est bien réel, devant nous. Des départements sont très touchés et remontent déjà des chiffres alarmants sur les plans sociaux. Le gouvernement est mobilisé pour traiter tous les sites au cas par cas. L’autre risque majeur, celui d’une seconde vague épidémique, ou d’un prolongement de la première, est tout aussi réel. Les conséquences économiques et humaines d’un second confinement seraient considérables. Nous ne pouvons l’envisager.

Plus que jamais nous devons respecter les gestes barrières, le port du masque et faire preuve de civisme.

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