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La République, plus que jamais

Mon analyse suite à l'allocution d'Emmanuel Macron

Le discours du Président de la République comprenait de nombreux éléments, sur le déconfinement, l’économie, l’écologie, les solidarités ou encore l’Europe… Certains, n’ayant toujours pas digéré leur échec cuisant de 2017 avaient décidé par avance de ne pas y trouver leur compte. La France de 2020 a pourtant plus besoin d’audace que d’aigreur. 

Je voudrais ici retenir un fil conducteur : la République. Il n’est jamais inutile de parler de République, a fortiori en période de crise sanitaire, économique et sociale. Trois points de repère ont jalonné le discours/

Le premier, c’est de rappeler que la République, ce n’est pas le communautarisme qui est le contraire de l’unité et un morcellement dangereux. Notre République s’est progressivement construite contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations mais nous assistons ces derniers jours à un dévoiement de l’antiracisme. Le séparatisme n’est jamais loin et avec lui, le risque de débordements violents. Les adversaires de la République et certaines forces politiques n’attendent que l’embrasement qui mène au chaos. La République, c’est insister sur ce qui nous rassemble avant tout.

C’est aussi avoir le courage d’embrasser toute notre histoire, mouvementée, dans toute sa complexité. La relecture systématique et communautaire de notre passé est un poison. Le Président a rappelé avec solennité qu’il n’était pas question de déboulonner nos statues. Choisissons de faire confiance à l’intelligence critique des individus plutôt qu’à une censure imposée, y compris (surtout?) en ligne.

Le second message fort du Président, c’est de rappeler que la République, c’est aussi la possibilité pour chacune et chacun de réussir. La méritocratie est la meilleure arme contre les discriminations et l’instrumentalisation des souffrances, parfois contre la République. C’est pourquoi il me semble indispensable de poursuivre la transformation de l’enseignement : de la maternelle au premier travail, pour lutter contre la pire des inégalités, celle des destins. C’est un message fort adressé par Emmanuel MACRON à nos jeunes, qui doutent, qui se cherchent, et dont il n’est pas question que la République les laisse sur le côté du chemin à l’aube d’une crise économique et sociale profonde. Plus que jamais, nous devons lutter contre l’autocensure de nos jeunes, identifier les freins à leur réussite et tout mettre en œuvre pour leur donner une chance.

Le troisième message du Président, c’est de rappeler que la République, ce n’est pas une abstraction, mais une réalité politique. Celle-ci s’incarne, très concrètement, par l’organisation des services publics mais aussi dans la répartition des pouvoirs. Je l’écrivais il y a peu, il est temps de changer la manière d’organiser l’action publique en privilégiant davantage la proximité. Le patriotisme municipal n’est pas contradictoire avec le patriotisme républicain, au contraire, historiquement, ils ont partie liée. Les révolutionnaires, à la table rase proposée par Condorcet, ont préféré la solution de Mirabeau, qui s’appuyait sur les anciennes paroisses pour créer les communes (terme ô combien symbolique) : elles avaient le mérite d’exister, d’être reconnues, et surtout elles incarnaient un premier point d’accroche pour les désormais citoyens qui entraient dans la communauté nationale. Ce que l’on a en commun, c’est la République, qui, dans sa chair, se traduisait par l’échelon de proximité, sorte de réduction de la représentation nationale (de même que la représentation nationale est une forme de réduction de la communauté des hommes, au nom de l’universalisme).

Certes, aux guerres à mener, la Révolution a finalement gardé l’État central de l’Ancien régime, comme le décrit Tocqueville, les jacobins l’ont emporté sur les girondins. Il n’est pas possible ni souhaitable de faire disparaître des siècles d’histoire en deux mois, mais la crise a révélé que le local – hôpitaux, associations, citoyens, mairies – était souvent un meilleur rempart pour organiser la riposte humaine, sanitaire, logistique dans la crise. Le Président l’a souligné clairement dimanche soir. Cette organisation des pouvoirs est tout sauf anecdotique car elle permet de gagner en efficacité dans l’action, mais surtout en légitimité politique. Une récente étude lancée par le Sénat met en évidence que 3 Français sur 4 estiment que la décentralisation est une bonne chose et souhaitent l’approfondir, notamment en clarifiant le « qui fait quoi » et en adaptant les politiques en fonction des besoins des territoire, selon le principe de différenciation. Les Maires sont les piliers de la République, il faut les consolider, en pensant aussi aux territoires de la modernité révolutionnaire (les départements) et contemporaine (les régions). Revigorer les référendums locaux, avancer l’âge du vote pour les scrutins locaux, systématiser les jurys alliant experts et citoyens pour suivre les projets de la conception jusqu’à l’évaluation en passant par l’élaboration : quitte à ne pas retenir certaines pistes, imaginons !

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