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Le péage urbain, chiche ?

Le projet de loi d’orientation sur les mobilités portée par la Ministre des Transports, Elisabeth BORNE, va ouvrir la possibilité pour les agglomérations de plus de 100 000 d’habitants de mettre en place un système de péage urbain.

Les péages urbains sont loin d’être une nouveauté dans les grandes villes. De Stockholm à Milan, en passant par Tokyo et Londres, des péages urbains visant à décongestionner la circulation ont été mis en place depuis une quinzaine d’années. L’enjeu environnemental est très présent – notamment à travers la nécessaire réduction des émissions de particules fines en ville.

 Parlons technologie. L’idée n’est pas de rajouter des bouchons aux bouchons – c’est pourquoi les péages passent par des technologies de lectures de plaque avec de discrètes caméras attachées à des candélabres ou des GPS embarqués (modèle Singapour 2020). Il ne s’agit pas de récréer des péages d’autoroute physiques aux portes des agglomérations.

 L’exemple suédois est intéressant. A Stockholm, le nombre de véhicules pénétrant dans la capitale a été 30% plus faible en 2016 qu’en 2005 – alors même que la population a augmenté de 22% sur la même période ! La mise en place du péage s’est déroulée simultanément avec une amélioration de la qualité et de la fréquence des transports en commun (200 bus supplémentaires, création de 16 nouvelles lignes) et de mesures favorables au report modal (développement de parkings relais pour les automobilistes).

 Le niveau du tarif de la zone de péage (entrée et sortie) est relativement faible (entre 1,15 et 3,60 euros) mais peut varier en fonction de la journée afin d’inciter les automobilistes à ne pas tous circuler aux heures de pointe.

Londres, qui a mis en place un péage de congestion depuis 2002, va mettre en place une « Ultra Low Emission Zone » dès l’an prochain qui fera contribuer les véhicules les plus polluants en continu. La capitale britannique opte pour la complémentarité d’un péage anti-congestion et d’un péage environnemental.

 Plus près de nous, la Métropole européenne de Lille va mettre en service un « péage inversé » qui va passer par des incitations financières aux conducteurs acceptant de rouler en dehors des heures de pointe avec un objectif de 5% de réduction du trafic.

 Un péage urbain, ce n’est pas un gadget politique, c’est au contraire un instrument-clef autour duquel s’articulent les autres mesures – il n’y a pas de magie en matière de mobilités – au service des grandes villes.

 Je pense qu’il est souhaitable de mettre en place un péage urbain à Paris, et dans une partie de la petite couronne, à court terme. Cela nécessite de changer radicalement d’échelle sur les parkings relais : nous avons voté 1000 places de plus en septembre 2018, une goutte d’eau dans la démultiplication indispensable.

Ce type de mesure n’est pas populaire, mais elle s’impose. En même temps, il faudra encourager l’autopartage et le covoiturage, imaginer un partenariat inédit entre des plateformes VTC ou de covoiturage et Ile-de-France Mobilités pour expérimenter des solutions de mobilités pour les pendulaires, entreprendre une grande consultation en ligne sur le tracé et la fréquence des nouvelles lignes de bus à ajouter, accompagner les automobilistes, et les chauffeurs de taxis et de VTC à convertir leurs véhicules vers des modèles plus sobres, améliorer la visibilité des informations sur la qualité de l’air et la qualité du trafic pour sensibiliser le plus grand nombre d’acteurs… Il faudra inventer les navettes électriques à la demande, circulant 24 heures sur 24, et enfin voir les véhicules autonomes collectifs sillonner notre capitale. Que mille autres idées s’épanouissent.

Je n’ai qu’une certitude en matière de mobilités, c’est que nous ne pouvons plus nous satisfaire du surplace. Le débat est lancé, et il ne fait que commencer.

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