Transportés

Se délivrer des livraisons ?

charteLe Conseil de Paris a adopté la nouvelle charte marchandises, rebaptisée « charte pour une logistique urbaine durable » ce 11 juin 2013. Ce sujet intéresse beaucoup plus les élus que ce n’était le cas il y a encore 5 ou surtout 10 ans.

Avec 1.6 million de mouvements par semaine, soit près de 20% du trafic parisien, la logistique et la marchandise représentent un secteur structurant de la vie parisienne. 32 millions de tonnes de marchandises sont transportées par an dont seulement 1 million de tonnes livrées par le mode ferroviaire et 2,5 par le mode fluvial ; ces chiffres doivent être actualisés prochainement grâce à une étude commandée par la ville à l’Atelier Parisien d’URbanisme. Paris compte 9300 places de livraison.

Tantôt perçu positivement  lorsqu’il s’agit de préserver de la vivacité commerciale ou de profiter de la facilité de se faire livrer des produits directement chez soi, tantôt perçu négativement lorsque l’intensité des échanges engendre des nuisances multiples (encombrement, bruit, pollution), la logistique est au cœur de l’activité de notre ville. Elle concerne une multitude d’acteurs ce qui justifie un travail fin et concerté entre la Ville, ses partenaires institutionnels (chambres consulaires, ports de Paris, préfecture de police…) et bien sûr tous les acteurs privés. C’est bien l’intérêt principal de cette charte, établir un espace de dialogue et de projets entre toutes les parties prenantes pour faire évoluer la logistique à Paris.

A ce titre, la qualité des échanges qui ont eu lieu depuis quelque mois avec tous les professionnels de la marchandise à Paris pour l’élaboration de ce texte a été exceptionnelle.

J’ai pu constater au fil des discussions l’enrichissement mutuel que nous apportaient ces échanges. Je sens ce milieu professionnel  dynamique prêt au changement. Il faut se préparer aux changements réglementaires : anticiper plutôt que subir, être force de proposition plutôt qu’être contraint.

Le résultat c’est la forme de la charte et la démarche qui me semble exemplaires. D’abord, elle est ambitieuse à travers ses objectifs en matière de respect de l’environnement : 50 % des livraisons en véhicules propres en 2017 . Nous avons même dit 100% à l’horizon 2020. Cela se justifie puisque que ce secteur est un gros consommateur de diésel et émet 38% des particules fines présentes dans l’air parisien. Elle est ambitieuse également en matière d’insertion urbaine et d’attractivité économique.

Elle est innovante par le choix de projets tels que la plateforme logistique de dernière génération dans le quartier Chapelle-International dans le 18ème arrondissement, Certibruit pour des livraisons silencieuses la nuit, l’ALUD qui fait de la livraison propre à domicile avec du personnel en insertion… et je pourrai en citer beaucoup d’autres. La charte comprend une première liste de 16 projets très concrets, appelée à évoluer au fur et à mesure des réalisations. L’objectif est de trouver un  équilibre entre les modes ferroviaire, fluvial, et routier, entre les problématiques de foncier, d’équipement de voirie, d’organisation du travail, entre l’innovation et l’adaptation de secteurs anciens.

Les leviers dont Paris dispose afin de tenir toute sa place dans le dispositif, qui concerne, rappelons-le, le secteur privé, sont tout à fait opérants même s’ils sont limités par son domaine de compétence. La Ville compte :

–  favoriser et entreprendre des expérimentations innovantes,

– travailler à libérer des espaces fonciers, avec l’idée de faire arriver les marchandises en masse sur des plates-formes proches des destinataires finaux. Dans un second temps,  il s’agirait de rendre le « dernier kilomètre », en fait la dernière livraison au client final, plus « propre »,

– équiper la voirie en fonction des besoins actuels et futurs (par exemple des bornes de recharge électrique adaptées à des véhicules spécifiques),

– investir dans la modernisation de grands équipements (comme par exemple les installations de fret ferroviaire à Bercy-Charenton).

Enfin, elle est participative : 80 partenaires, entreprises, institutionnels, associations ont participé à l’élaboration de la charte et sont des signataires potentiels. Le travail de réécriture, d’actualisation, de concrétisation des actions à mener que représente la charte 2013 a mis d’encore plus nombreux partenaires autour de la table : fédérations de transporteurs, chargeurs, expéditeurs et destinataires, chambres consulaires, collectivités territoriales telles que Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Région Ile-de-France, institutions, gestionnaires d’infrastructure, fournisseurs d’énergie. En 2006,  la Ville avait signé une première charte, avec 45 autres signataires. Presque deux fois plus d’acteurs se sont montrés intéressés en 2013 !

Par ailleurs la Ville de Paris signera la charte marchandises de Seine Saint-Denis. Nous partageons les mêmes objectifs. La prochaine étape, on peut l’espérer, pourrait être la signature d’une charte métropolitaine.

L’enjeu est de concilier l’activité économique et l’approvisionnement de notre ville avec l’amélioration de la qualité de vie des Parisiens et la construction d’une métropole écologique. L’enjeu est également significatif en termes de partage de l’espace public : les difficultés que rencontrent les livreurs dans l’exercice de leur activité nuisent non seulement à leur efficacité, mais se répercute sur le trafic général parisien. L’enjeu est enfin de tenir compte des évolutions récentes, parfois exponentielles, comme l’e-commerce.

Et maintenant ? Ce qui compte, c’est la mise en œuvre des différents projets. Pourquoi ne pas voir les livreurs de pizzas et de sushis qui sillonnent les rues de Paris sur des scooters électriques ? Du fret de marchandises dans le tramway et ensuite sur les rails du Grand Paris ? Les groupes de travail sont à pied d’œuvre et les actions vont germer. Alors, demain, comment livrerons-nous ?

Tags
Voir plus

Articles associés

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Close