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4/ Le monde, le lendemain : la santé publique, l’affaire de tous les citoyens.

Au préalable, quelques chiffres. Le nombre de lits d’hôpitaux pour 1000 habitants est de 6,1 en France, ce qui est moindre que la Corée du Sud (11,5) ou l’Allemagne (8,1), mais deux fois supérieur à l’Espagne et la Grande Bretagne (3). Les dépenses de santé par habitant en France en 2018 s’élève à 4 200 €, financées à plus de trois quarts par des fonds publics et dans une logique universelle (à mettre en regard avec les près de 30 millions d’Américains ne disposant d’aucune couverture santé, et cela après le plan Obama).

La crise inédite et violente du Covid-19 que nous traversons repositionne la santé publique comme une prérogative régalienne de l’État. Depuis 2017, la puissance publique ne s’est pas désengagée du système sanitaire, et a fortiori de l’hôpital public, mais ce moment doit être refondateur.

Comme l’a indiqué le Président de la République, nous devrons regarder notre système de soins, avec lucidité afin d’en pallier les faiblesses – l’épidémie a objectivement provoqué la saturation des services de réanimation dans certaines régions – mais également d’en souligner la capacité d’adaptation, de résilience dans la crise – comme en attestent l’ouverture en urgence de lits et les transports de malades par TGV, une prouesse mondiale.

Cela passe à court terme par une revalorisation de la rémunération de celles et ceux qui sauvent des vies, notamment avec une prime défiscalisée, mais cela supposera une réflexion plus large sur les carrières, notamment pour les infirmiers et infirmières. Pour reprendre les chiffres de l’OCDE, les infirmiers français à l’hôpital sont en moyenne au niveau du SMIC, soit, toutes choses égales par ailleurs, 20% de moins que les infirmiers allemands.

De mon point de vue, les défis de notre système de santé ne se limitent pas à une question de moyens, même s’il faut investir dans nos hôpitaux. Au même titre que de nombreux pays asiatiques – en particulier la Corée du Sud – ont appris des épidémies, telles que le SRAS ou le H1N1, nous devons nous aussi tirer les leçons du Covid-19 pour préparer non seulement le déconfinement, mais anticiper collectivement, l’émergence ou la réémergence d’une maladie infectieuse comme nous y invitait déjà Fabienne Keller en 2012 dans un rapport du Sénat. L’attention devra rester maximale.

Tous les citoyens doivent jouer un rôle actif dans la santé publique, en amont, des hospitalisations – c’est à dire faire preuve de vigilance et de civisme pour prévenir la contagion et adopter les bons gestes. Dit autrement, la santé publique n’est pas que l’affaire des pouvoirs publics. Cela implique néanmoins des actions de sensibilisation, de l’école à l’entreprise, en passant par les administrations et les médias.

Je dois reconnaître que je suis avec intérêt les applications de géolocalisation des cas détectés, encore une fois en Corée, car non content d’utiliser la technologie comme levier de santé publique, cela permet de faire du citoyen – un acteur, et pas uniquement un destinataire passif des décisions gouvernementales.  À mon sens, loin d’être un moment passager, ce nouvel équilibre va se poursuivre.

Le numérique fait partie de la réponse, en amont, pour rendre notre système de soins prêt à réagir et prévenir l’engorgement des services d’urgence que nous avons connu ces dernières années.

C’est pourquoi nous devrons changer d’échelle pour le recours à l’e-consultation, par exemple pour le renouvellement d’un médicament, demander un conseil de santé, se faire orienter vers un spécialiste, rééducation par les kinésithérapeutes avec les exercices surveillées, ou consulter pour des maux a priori simples. Plus de 6 Français sur 10 seraient prêts à consulter leur médecin traitant par Internet.

De même, pour l’État ainsi que les régions – qui disposent de la compétence de développement économique, la question se pose de savoir si elles peuvent d’ailleurs devenir chefs de file en matière de santé en pilotant les agences régionales de santé (ARS) – doivent maintenir les investissements dans les starts-up de e-santé qui représentent un écosystème plus que jamais stratégique. Bureaucratie et papier doivent s’effacer. C’est sur toute la chaîne de soins – du citoyen jusqu’à l’hospitalisation lourde en passant par la médecine de ville, les pharmacies, les centres municipaux, les soins programmés et les urgences – qu’il faut agir.

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