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Ce que le « Chat du rabbin » peut nous apprendre

J’ai savouré le dernier tome du « Chat du rabbin » du dessinateur Joann SFAR, paru cette semaine, et qui est, comme toujours, une invitation à la réflexion. C’est d’autant plus pertinent que nos concitoyens de confession juive célèbrent la nouvelle année, et je leur souhaite une très belle fête.
Cet album est une nouvelle réussite, à la fois du point de vue graphique – un arc en ciel à chaque page- mais aussi et surtout du message fort qu’il porte. La voix du chat du rabbin est impertinente, parfois dérangeante, mais empreinte d’une sagesse qui n’est pas exclusivement juive.
La méfiance du félin pour les dogmes, qui peuvent être dévoyés, n’a d’égale que son regard ironique sur les femmes et les hommes qui gravitent autour de lui. Empêcheur de tourner en rond, il déclare tout de go « Aucun juif ne peut dire « je suis un bon juif » car sur les 613 commandements, y en a toujours une bonne moitié qu’il arrivera jamais à faire. C’est pour ça qu’ils sont stressés, les juifs ».
L’humour de Joann Sfar est tout à la fois aiguisé et tendre sur des sujets que l’on sait très actuels : le rapport à la tradition et la possibilité d’émancipation, les relations entre les communautés ou encore la vie de couple.
Ce chat se démène dans une Alger fantasmagorique, mais pourrait fouler le macadam parisien, voire sous les ors du Palais du Luxembourg. Sa passion pour la vérité est sa boussole, ce qui en fait l’ennemi des fanatiques et des paresseux.
En un mot, voilà un animal qui n’est pas domestique, et qui permet, à travers ses pirouettes et saillies, d’entrevoir, en quelques dizaines de pages, l’universel.