ActualitésBillets d'humeurEn UneParis

Le Paris des 100 000 immeubles

J’ai rejoint Emmanuel Macron sur un constat politique : les réponses à apporter ne se graduent pas de gauche à droite. Elles sont à inventer en remettant le citoyen et l’usager au cœur du processus de fabrication des solutions de demain.

Les municipalités constituent les premiers terrains d’expérimentation. Les parisiens attendent que nous posions les mots justes sur une réalité pour pouvoir, ensuite, construire une réponse nouvelle.

Sur le sujet de la propreté, ne craignons pas d’énoncer une évidence. Ce sont d’abord les 2 000 000 de parisiens qui produisent les 3 000 tonnes de déchets à collecter chaque jour.

Osons affronter cette réalité et cessons, sans cesse, de demander toujours plus de moyens car nous sommes déjà au-delà de ce que nous acceptons de financer collectivement par l’impôt. Assumons notre part de responsabilité et construisons ensemble un modèle vertueux qui incarne l’esprit de la ville plate-forme que j’appelle de mes vœux pour créer les nouveaux services dont les parisiens ont besoin.

L’immeuble est la clé de voûte de ce dispositif car il est au plus près de tous les parisiens qu’ils soient propriétaires ou locataires de leur bien. Il offre un cadre d’action à échelle humaine doté de relais opérationnels au sein de chaque immeuble : les Syndics et les Conseils de copropriétaires.

Ne l’oublions jamais : ce sont les arrêtés du Préfet Poubelle de 1883 et 1884 qui ont permis de domestiquer les ordures en obligeant les propriétaires d’immeubles à mettre à disposition de leurs locataires des récipients communs pour enfermer les déchets ménagers.

Depuis, le 1er janvier 2019, toutes les copropriétés doivent être immatriculées auprès de l’Anah (Agence nationale de l’habitat). L’objectif affiché est d’améliorer leur connaissance et leur gestion. Lors de leur inscription au Registre national, les copropriétés déclarent des données d’identification, fournissent des données de gestion financière et présentent les données techniques sur le bâti, notamment le type de chauffage installé (individuel, collectif, etc.). Je propose d’ajouter un volet propreté sur la collecte et le tri des déchets et le balayage de la voie publique.

Chacune des 50 000 copropriétés parisiennes dispose d’un compte de télédéclarant avec une adresse électronique. Leur mise en réseau est la première des priorités. Pour la ville de Paris, c’est le socle indispensable pour pouvoir interagir en temps réel avec les 1 350 000 copropriétaires et créer cet effet de levier qui peut nous permettre de changer d’échelle.

L’équipement de poubelles connectées des 100 000 immeubles parisiens, tous types confondus dont ceux détenus par l’Etat, la Ville de Paris des institutionnels et des entreprises, est une nécessité. Il va permettre de mesurer la quantité et la qualité du tri des déchets. La taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) que tous les propriétaires acquittent pourra, alors, être calculée, de manière plus juste, sur l’usage réel pour être plus incitative et non plus sur la valeur cadastrale des propriétés bâties.

Gageons que la nouvelle génération d’entrepreneurs saura profiter de toutes les données qui seront libérées pour repenser les usages et créer les services et les applications dont nous serons tous friands pour déverrouiller les containers collectifs avec notre smartphone, évaluer le volume et la nature de nos déchets, calculer leur impact environnemental et, pourquoi pas, célébrer les plus vertueux d’entre nous.

Parallèlement, le développement du véhicule autonome qui arrive va s’accompagner d’une diminution de la place de la voiture à Paris et libérer des espaces sur la voirie pour multiplier les points de collectes mobiles et autonomes. Les parisiens seront d’autant plus sensibilisés à la production et au tri de de leurs déchets qu’ils viendront les apporter, permettant ainsi de diminuer la fréquence des tournées de ramassage des ordures au pied de chaque immeuble.

Enfin, concernant la propreté de nos rues, je suis favorable à ce que les 50 000 copropriétés qui s’occupent de nettoyer les parties communes de leur immeuble, prennent en charge, dans le même temps, le balayage de la voie publique sur toute la longueur de la façade. En contrepartie la mairie de Paris pourrait revoir à la baisse tout ou partie de la taxe de balayage qu’elle facture pour chaque immeuble. Les  1 000 agents qui sont chargés du nettoyage des 2 900 kilomètres de trottoirs pourraient, alors, être affectés aux voies très fréquentées, aux zones touristiques et aux espaces publics souvent très sales.

Faisons confiance, là encore, à la simplicité de nos ordinateurs de poches, les smartphone, et à la puissance des logiciels de traitement d’images, pour s’assurer, quotidiennement, que chaque immeuble contribue bien à sa tâche.

Vous l’aurez compris, je m’inscris dans une logique d’appropriation de notre ville par les parisiens et les parisiennes pour faire face aux défis qui sont devant nous. Chacun ressent qu’au-delà de la propreté, la mise en réseau des 100 000 immeubles parisiens constituerait un point d’appui considérable pour recréer du lien entre tous les habitants et transformer Paris.

Je le fais d’autant plus librement que je plaide avec force pour que Paris devienne la ville plate-forme des 2 millions d’habitants sur laquelle les acteurs privés et publics, les citoyens et les entrepreneurs, puissent prendre appui pour mieux comprendre les usages et créer de nouveaux de services.

Paris est notre bien commun. Saisissons-le pleinement, tous ensemble, pour entrer dans le monde qui vient.

Voir plus

Articles associés

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Close