ActualitésBillets d'humeurEn Une
Ma réaction sur le rapport du GIEC sur le climat

La planète n’est pas une œuvre de Bansky. L’autodestruction n’est pas un canular dans une salle de ventes aux enchères, c’est une régression annoncée, et, si j’en juge, la banalisation des catastrophes écologiques, amorcée.
J’aimerais pouvoir encore employer un ton qui ne serait pas alarmiste, mais force est de constater que l’urgence climatique est déjà une réalité. Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rendu public aujourd’hui est un appel à l’action collective.
L’Accord de Paris prévoyait une limitation de la hausse des températures au niveau global entre +1,5°C et +2°C d’ici la fin du siècle. Très concrètement, nous avons douze ans devant nous pour éviter de rendre irréversible l’augmentation à +2°C.
Cette variation de + 0,5°C aurait des conséquences très lourdes : disparition annoncée de l’intégralité des coraux ; aggravation des famines ; multiplication des épisodes de canicules et des feux de forêts, augmentation du nombre de réfugiés climatiques du fait de la hausse du niveau des mers et océans, augmentation de l’acidité marine.
Nous ne pouvons plus nous désintéresser de cet enjeu de civilisation. Cette prise de conscience progresse en Europe – mais également en Chine – qui a vécu un des étés les plus chauds de son histoire en 2018, mais est mis à mal par des décisions unilatérales de grands pays émetteurs de CO² comme les Etats-Unis ou la Russie. Les résultats électoraux brésiliens à venir vont poser aussi la question de la préservation de la forêt d’Amazonie ces prochaines années.
Nos métropoles et nos villes ont un rôle évidemment capital à jouer. D’abord, parce que, comme l’a très justement rappelé WWF France dans un récent rapport, les 10 plus grandes métropoles sont à l’origine de 22% des émissions de gaz à effet de serre au niveau national. Un tiers de nos émissions urbaines proviennent des bâtiments ! Je rappelle que nous nous sommes fixés collectivement l’objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Paris a évidemment une responsabilité singulière. Nous n’avons pas de leçons à donner, nous avons des solutions quotidiennes à appliquer, des habitants à impliquer, des quartiers à mobiliser. Le climat, ce n’est plus la politique des châteaux en Espagne, mais celle du pied de l’immeuble. De la rénovation thermique à la gestion des déchets, de l’alimentation soutenables à l’éducation populaire, nous avons une vraie latitude pour faire émerger ce que la journaliste Bénédicte Manier a qualifié de « révolutions tranquilles » mais que j’appelle « révolte écologique ».
Nous ne pouvons plus fermer les yeux. Le défi climatique est celui de notre siècle, de notre génération, et de nos villes, et donc nos usages dans la ville. Oui, nous devons changer, cela suppose des modifications dans nos habitudes, dans notre quotidien, dans notre « être au monde ». Nous devons être cohérents : réduire drastiquement la place de la voiture individuelle, tirer parti de l’économie numérique pour adapter au mieux nos déplacements et nos transports en commun, valoriser nos déchets alimentaires, permettre à nos enfants de bien manger, créer des poumons verts. Bref, on change d’échelle quand ?