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Mobilités : enfin une loi d’envergure !

Enfin !
Oui, enfin, une loi sur les mobilités. Les mots sont importants. Les mobilités, c’est-à-dire un texte qui parle des transports, mais qui parle également de vie professionnelle, d’urbanisme, de solidarité.
Ancien adjoint aux transports de Bertrand DELANOE de 2012 à 2014, je mesure l’importance de ce texte à venir pour le quotidien de nos concitoyens, urbains, périurbains ou ruraux. Le projet de loi d’orientation des mobilités, portée par Elisabeth BORNE, Ministre des Transports, qui va être examiné au Sénat au début de l’année 2019 est avant tout un texte de solutions.
Je suis sensible au fait que ce texte s’appuie sur des initiatives locales mises en place dans les territoires – et qui mettent en évidence le potentiel très élevé en matière de covoiturage, d’autopartage ou encore de transport à la demande.
C’est un texte qui laisse de la liberté aux territoires pour organiser, structurer et adapter dans le temps leurs offres de mobilités. C’est pourquoi il est proposé de mettre fin aux « zones blanches » de la mobilité en faisant en sorte que tout le territoire soit maillé par une autorité organisatrice de mobilités (selon les cas intercommunalités ou régions).
Depuis plus de 30 ans, notre pays a tellement misé sur le tout TGV qu’elle a négligé – à tort – le développement et l’entretien des infrastructures de transports du quotidien.
La révolution numérique est là, et elle transforme tant nos déplacements, que nos manières de nous déplacer. C’est pourquoi l’ouverture des données des opérateurs de transports est cruciale – afin de mieux adapter, en temps réel, les solutions de déplacements. Le silo n’est plus toléré par les usagers, c’est pourquoi il est nécessaire d’avancer sur ce que l’on appelle la « billettique intégrée ». Que signifie ce joli mot ? Tout simplement, la possibilité par exemple de faire de votre Pass Navigo, le couteau suisse des déplacements franciliens, et cela indépendant des modes de transports. Cela existe à Helsinki, où cela permet de bénéficier d’un forfait taxi comme de prendre un vélo partagé.
Je retrouve avec intérêt le développement à partir de 2020 (c’est demain !) de navettes autonomes. Je suis plus que jamais favorable au déploiement de ces véhicules – qui appellent bien entendu une régulation, mais qui peuvent être aussi des solutions adaptées pour les déplacements de certains de nos concitoyens, par exemple nos aînés ou les personnes en situation de handicap. Sans doute faudra-t-il les tester dans des voies réservées.
Le texte prévoit de doter les maires d’outils pour réguler l’offre de vélos, scooter ou trottinettes en libre-service (« free floating »). Les Parisiens ont vu fleurir cette année différents équipements sur la voie publique en 2018 – formidable façon de se réapproprier l’espace public et inépuisable source d’agacement. Désormais, un cahier des charges pourra être exigé par les mairies à ces opérateurs qu’il s’agit d’ordonner.
Le projet de loi rappelle que la France s’engage à arrêter la vente de véhicules thermiques (95% du parc actuel) à l’horizon 2040 – ce qui signifie qu’une offre de véhicules hybrides et électriques. C’est dans cette perspective que le projet propose de doper le déploiement des bornes électriques sur le territoire. Ne le nions pas : c’est une révolution, qu’il faut assumer, au moment où on parle du prix du plein. La souveraineté exige que nous renoncions aux énergies fossiles.
Cela passe également par le déploiement du plan vélo – annoncé au mois de septembre dernier, par la possibilité pour les entreprises de mettre en place un forfait mobilité de 400€ par an pour les salariés qui viennent travailler en vélo ou en covoiturage (comme passager).
C’est un texte sur lequel je souhaite vivement m’investir, tant pour le défendre que pour l’enrichir. Je souhaite par exemple voir quel est le moyen de renforcer l’offre de parkings relais à l’abord des grandes agglomérations (avec une valorisation tarifaire) et bien entendu un approfondissement du télétravail comme moyen de lutter contre la congestion (même si je suis conscient que cela n’est pas possible pour toutes les activités).
Et bien sûr, gilets jaunes ou pas, il faudra parler de l’accès en voiture aux agglomérations. Le mot péage ferait trembler (les taxes, les taxes, les taxes…) : et si on parlait d’incitations inversées comme à Lille ou Rotterdam ou d’autorisations en fonction des heures et des pics de pollution comme à Bologne ? N’ayons pas peur des mots, mais écoutons nos concitoyens !