
Durant ce mois de septembre, l’écologie a défrayé la chronique, pas toujours dans le bon sens du terme. Interdiction du survol de Lyon par la patrouille de France, attaque contre le tour de France, suppression des sapins de Noël : un « bad buzz » comme il convient désormais d’écrire s’est emballé, à partir des propos des récents édiles verts.
Pourtant, la priorité inscrite à l’agenda mondial est incontestable : les bouleversements climatiques, la pollution de l’air et des sols, la raréfaction rapide de la biodiversité, frappent les esprits et les consciences. Ce même mois, une publication de l’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) rappelle que 13 % des morts sont liés à la pollution de l’air dans l’Union européenne (entre 48.000 et 76.000 décès prématurés chaque année en France), le rapport du WWF nous apprend que les deux tiers de la faune sauvage ont disparu en moins de cinquante ans, des incendies ont ravagé la Californie au point de dessiner des ciels orange à la Blade Runner au-dessus de San Francisco… Voilà pour les trois principaux faits de ce mois de septembre, mais depuis des années, statistiques, documents, articles s’accumulent pour tirer la sonnette d’alarme : la question de la survie de la planète est posée, dès maintenant, pas seulement pour les générations futures.
Et voilà que, paradoxe criant, celles et ceux qui sont censés défendre l’écologie nous déçoivent, voire nous désespèrent, et les raisons en sont nombreuses, en particulier l’immaturité insoluble du parti qui s’est autoattribué le monopole du vert en France (EELV aujourd’hui, mais quel qu’en soit le nom dans sa brève histoire politique), comparé à leurs collègues allemands par exemple pour ne retenir que ceux-là.
Plus profondément, au-delà des polémiques, c’est surtout d’un problème de positionnement idéologique qu’il s’agit. Si l’écologie est le nouveau nom de l’idéologie anticapitaliste, contestataire, révolutionnaire, qui vise à « renverser ou supprimer le capitalisme » comme le disait récemment Sandra Regol, n°2 des verts, alors elle n’embarquera pas les Français. Si elle n’est qu’un substitut à des doctrines qui ont échoué, comme un ersatz plus moderne, elle est condamnée à connaître le même sort : sectarisme, repli, autoritarisme. À vouloir faire rentrer le réel dans une grille qui le précède, comme un édredon dans une valise, le réel se venge, sort de sa boîte et vous explose à la figure.
Oui, il est possible d’être favorable à l’écologie et à la science, c’est-à-dire au progrès, aux vaccins, et même à la 5G. À condition que le progrès soit partagé, soit un plus pour tout le monde, soit accompagné et expliqué et non imposé de façon verticale.
Oui, il est possible d’être favorable à l’écologie et aux entreprises. Bien sûr qu’il faut défendre le secteur de l’économie sociale et solidaire, mais des entreprises aussi sont à même de défendre des causes, entreprises à mission prévue par la loi PACTE ou via la responsabilité environnementale et sociale, ou même des start-ups classiques portées par des entrepreneurs innovants, attachés à a la singularité de leur cause. Le secteur privé traditionnel est aussi à même de s’impliquer pour le recyclage, la lutte contre le gaspillage alimentaire, la transformation énergétique…
Oui, surtout, il est possible de défendre l’écologie et la République. Rien ne condamne les parangons de l’écologie à verser dans le communautarisme, à reculer face à l’insécurité, à refuser de voir la menace des séparatismes. Pour résumer, pardon pour le raccourci, on peut vouloir plus d’écologie sans les burkinis dans les piscines municipales, comme le souligne Yannick Jadot lui-même dans son entretien au Nouvel Observateur.
Pour paraphraser la célèbre formule de Georges Clemenceau, selon laquelle « La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires », il serait tentant d’affirmer que l’urgence climatique est une chose trop sérieuse pour être laissée aux verts. Après tout, quitte à défendre l’idée du partage jusqu’au bout, c’est aussi l’écologie elle-même qui doit être partagée.
Alors à quand un manifeste pour une écologie sérieuse ?
Puisqu’il ne faudrait pas lui accoler d’adjectifs, gardons le seul qui vaille dans notre pays : Français, encore un effort pour une écologie républicaine !