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Retraites : arrêtons le cinéma politique et optons pour l’intérêt général !

Au cœur des débats sur l’avenir de notre système de retraites, je pense à Michel ROCARD, cet homme d’État qui m’a donné envie, étudiant, de m’engager. Ce n’est pas un hasard si le Premier Ministre a cité son nom lors de la présentation des orientations du projet de loi qui doit instaurer un régime universel. Dès 1991, Michel ROCARD a été le premier à faire le diagnostic que le régime par répartition était menacé financièrement du fait de l’évolution de notre démographie. Le « Livre blanc pour les retraites » est un acte de courage politique, a fortiori à la tête d’un Gouvernement de centre-gauche. Michel ROCARD aurait dit dans un soupir qu’une telle réforme pouvait faire sauter 100 gouvernements… Surtout, il alertait déjà des risques d’« un numéro de cinéma politique » sur cette question majeure des retraites.
Le numéro est hélas permanent de la part de certains responsables politiques ou syndicaux. Si on indexait la valeur du point sur la mauvaise foi, nous n’aurions plus de souci d’équilibre ! La palme revient, une fois de plus, à Madame LE PEN, qui pour des raisons de shopping électoral, s’invente – quasiment en direct – une fibre militante. Personne n’est dupe : tous les prétextes sont bons pour rejouer la présidentielle. En résumé, le Rassemblement national manifeste son intérêt personnel, mais pas son intérêt pour les manifestants.
Je comprends les inquiétudes que peuvent nourrir cette refondation du système de retraites, mais je souhaite rappeler plusieurs choses à mon sens essentielles au débat. D’abord, le principe du régime universel de retraites a clairement été annoncé et assumé par le candidat MACRON et les Français ont voté. C’est pourquoi il me semble politiquement contestable d’appeler au référendum. Le principe d’universalité du régime des retraites est à mon sens dans la droite ligne de la déclaration du Croizat du 8 août 1946 qui a consacré, au sortir de la guerre, l’universalité de la sécurité sociale. « L’unité de la sécurité sociale est la condition de son efficacité » écrivait-il de façon prémonitoire. Refonder sans renier, c’est l’ambition du Gouvernement pour nos retraites.
Ensuite, le maintien de 42 régimes spéciaux est une exception française qui n’est justifiée ni socialement, ni économiquement. Aujourd’hui, certains régimes spéciaux sont tout simplement équilibrés par le budget général de l’État, et donc les impôts de tous les Français. Évidemment, je milite pour un alignement du régime de retraites des sénateurs. Nous devons être exemplaires.
Issu de la tradition sociale-démocrate, je redis que la concertation avec les partenaires sociaux a été fournie et interrompue. Le Haut-Commissaire chargé de la réforme des retraites, Jean-Paul DELEVOYE, l’a d’ailleurs rappelé cette semaine lors de son intervention devant le groupe LREM du Sénat. Le dialogue n’a jamais cessé entre le Gouvernement et les organisations syndicales.
Et, puis disons-le, clairement, je suis attaché à la justice.
Cette exigence de justice est là quand le Gouvernement s’engage à fixer le montant d’une retraite minimale à 1000€ pour quelqu’un qui a cotisé toute sa vie dès 2022. C’est une mesure de confiance dans notre système de retraites qui aujourd’hui oublient des centaines de milliers de Français, en particulier les agriculteurs et les commerçants.
Cette exigence de justice, elle passe aussi par l’équilibre financier. Car, plus encore que sous Rocard, l’allongement de la durée de la vie des Français rend nécessaire de travailler un peu plus longtemps. Cela s’explique aussi par la massification de l’enseignement supérieur depuis 30 ans et qui n’est pas prêt de fléchir. Plus de diplômés, c’est aussi repousser l’âge d’entrée dans la vie active. La sociologie n’est pas neutre pour les retraites.
Annoncer que l’âge d’équilibre pour toucher sa retraite à taux plein sera de 64 ans à l’horizon 2027 ne me choque pas. Elle me choque d’autant moins que des aménagements sont préservés pour celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les travailleurs en situation de handicap ou certaines professeurs dangereuses – notamment les forces de l’ordre. Elle choque encore d’autant moins si on voit qu’en contre-partie 20% des femmes soit 80 000 par an n’auront plus à attendre 67 ans pour une retraite à taux plein. Et surtout que la porte est ouverte à des propositions alternatives de la part des organisations syndicales si elles trouvent une meilleure solution.
Le débat peut avoir lieu, dans la rue, dans les entreprises, dans les cabinets ministériels et dans les assemblées. Après les annonces du Premier Ministre, la balle est dans le camp des gens de bonne volonté.